mardi 26 février 2008

Gilbert Barthelot, ou le goût d'entreprendre




BARTHELOT Gilbert


(Châtelus 1880 - Lapalisse 1968)

Maire de Lapalisse de 1953 à 1959

Conseiller municipal de 1935 à 1944 et de 1947 à 1953

Officier des Palmes académiques (1934) - Chevalier de la Légion d'Honneur (1952) - Médaille d'honneur de la Fédération musicale de France (1963).

Industriel, installé rue Nationale


Pendant plus de quarante ans, des années 1920 aux années 1960, cet autodidacte personnifia pour beaucoup de Lapalissois à la fois le labeur, l'audace et la ténacité. Se lançant dans l'aventure industrielle avec très peu de capitaux, il réussit en à peine quinze années à bâtir un e société dont la renommée e t le savoir-faire ne tardèrent pas à franchir nos frontières. Il fut l'homme qui fit rentrer l'industrie au coeur même de Lapalisse.
Petit homme sec, au tempérament bien trempé, un brin paternaliste, volontiers autoritaire et dur en affaires, Gilbert Barthelot, une fois devenu maire de Lapalisse, géra sa commune avec la même énergie qu'il déployait pour développer son entreprise. Pendant les six années de son mandat, l'homme s'était d'ailleurs fixé comme rituel de traverser sa ville tous les matins à pied pour rejoindre la Mairie afin d'aller à la rencontre des Lapalissois et de superviser l'évolution des travaux municipaux.
Issu d'une famille de petits propriétaires terriens de Châtelus qui donna plusieurs conseillers municipaux à cette commune, Gilbert Barthelot fut tout d'abord apprenti bourrelier à Lapalisse avant de parachever sa formation à Paris.C'est d'ailleurs à Paris qu'il épousa en 1906, Antoinette Belaval (1884-1976), jeune femme fluette originaire d'Ebreuil (03), qui demeura toute sa vie dans l'ombre de son mari. En 1904 , Gilbert Barthelot ouvrit, rue Nationale, une boutique de bourrellerie. A partir de 1916, l'Intendance de l'Armée lui passa des commandes de plus en plus importantes qui le conduisirent à créer un petit atelier de maroquinerie, toujours rue Nationale, employant à la veille de l'Armistice une quarantaine de personnes. En 1920, Gilbert Barthelot reconvertit les productions de son ateliers vers la belle maroquinerie et notamment les articles de voyage. La même année, il lança la construction de la première tranche d'un bâtiment industriel situé rue Nationale qui, agrandi deux fois jusqu'en 1927, devint le siège social de la S. A. Barthelot, créée en 1928.A cette date, les Etablissements Barthelot comptaient déjà quatre-vingts employés. Formant seul ses premiers collaborateurs (MM. Rondepierre et Régerat), Gilbert Barthelot est à juste titre considéré par les maroquiniers français comme l'un des précursseurs de l'industrialisation de leur métier.
L'engagement de Gilbert Barthelot dans la vie associative lapalissoise remonte à 1926. Alors que la société musicale des Enfants de Lapalisse traversait une grave crise opposant son bureau directeur à la municipalité radicale menée par Auguste Coche, Gilbert Barthelot finança sur ses propres deniers la renaissance de l'harmonie-fanfare rebaptisée Union Musicale. Il demeura d'ailleurs Président d'honneur de cette société jusqu'à sa mort en 1968 et apporta un soutien actif à bon nombre d'autres sociétés locales (Croix-Rouge, Commune Libre de Montplaisir...).

En 1935, entre les deux tours des élections municipales, Gilbert Barthelot décida de prendre pied dans la vie politique locale en se portant candidat sur la liste du maire sortant Auguste Coche. Proche des idées de gauche, un temps même membre de la SFIO, Gilbert Barthelot fut élu conseiller municipal mais dut néanmoins siéger dans un Conseil dominé par les colistiers de Charles Rousset, nouveau maire de Lapalisse.
L'année 1936, fut marquée par une grève qui paralysa les Etablissements Barthelot entre le mois de juin et le mois d'août.Le conflit portait sur l'application des avantages sociaux accordés aux ouvriers lors de la signature des Accords Matignon. Dès le 4 juillet, une cinquantaine d'ouvriers cessa le travail conduit par Bergougnon, membre de la CGT. Très vite, un piquet de grève fut organisé bloquant l'entrée de l'usine. Le sous-préfet de l'époque, M. Vernay, n'eut de cesse d'essayer de trouver un terrain d'entente entre les parties en présence. Le 3 août, alors que la situation pourrissait depuis un mois, une pétition, réclamant l'évacuation des grévistes, circula à l'initiative de quelques commerçants lapalissois. Le soir même, le sous-préfet de Lapalisse, appliquant un arrêté du Préfet de l'Allier ordonna la levée immédiate du piquet de grève. Le 30 août, un accord fut enfin trouvé sous le patronage de M. Vernay : les salaires furent réévalués à hauteur de 10 %, une partie du personnel renvoyé au début de la grève fut réintégré.Le travail ne reprit que fin septembre. Gilbert Barthelot sortit blessé d e cette épreuve et songea même un temps à se retirer définitivement de la vie associative lapalissoise. Tirant les leçons de ce conflit social, il n'hésita pas par la suite à se séparer des ouvriers manifestant des vélléités syndicales. En revanche, incontestablement, Gilbert Barthelot aimait ses employés comme sans doute seul le fondateur d'une société est capable de le faire. Organisant, chaque année, un banquet, un arbre de Noël et, à partir des années 1950, une excursion annuelle pour tous ses ouvriers, Gilbert Barthelot veillait sur son personnel d'un regard paternaliste.
Demeuré conseiller municipal pendant l'Occupation, Gilbert Barthelot fut écarté des affaires communales par le Comité de Libération en 1944. De retour en 1947, il conduisit une Liste Républicaine d'Action Communale qui obtint 6 sièges au second tour des élections municipales. En 1953, alors que le maire sortant, Charles Bécaud, ne se représentait pas Gilbert Barthelot mena à la victoire une Liste Républicaine. Sous son unique mandat de maire (1953-1959), Gilbert Barthelot encouragea le redressement de l'agriculture cantonale (reconstruction du marché couvert incendié en 1943 construction de cases pour les marchands ambulants, création de nouveaux concours primés), chercha à développer l'attractivité touristique de sa ville (création d'un camping municipal en 1956,soutien apporté à la famille de Chabannes lors de la création du spectacle Son et Lumière en 1955 et poursuivit la modernisation des infrastructures communales (voirie, réseau d'adduction d'eau, éclairage public...). Gilbert Barthelot se retira de la vie politique locale en 1959 et assura la direction de son entreprise jusqu'en 1965. Sans enfant (le couple Barthelot avait perdu leur seul enfant, Louis, mort à l'âge de 16 ans en 1926), il transmit les rênes de sa société au mari de sa nièce, M. Jean Rimoux. Opéré à la suite d'une mauvaise chute au printemps 1968, sa santé ne cessa alors de s'altérer. Gilbert Barthelot s'en alla le 31 août 1968.
Une impasse de Lapalisse porte son nom le long de son ancienne
usine transformée en 1997 en un Musée d'Art brut.

S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)

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